Roman noir, enquête, thriller psychologique, en un mot : polar. Dans le cadre de la Fureur des Mots 2013, festival des amoureux des livres, la municipalité a décidé de faire participer ses concitoyens.
Pour pouvoir participer à ce concours de nouvelles, les auteurs en herbe sont tenus d’envoyer leur œuvre avant la fin du mois. Un jury se réunira alors pour décider des trois meilleurs textes, leurs auteurs recevront alors des chèques-livres respectivement d’une valeur de 200, 150 et 100€.
La nouvelle doit faire 18.000 signes, l’équivalent d’un texte de 8 pages de 25 lignes. Le règlement se veut précis :
Les textes doivent être inédits et dactylographiés dans le format 21 x 29,7 cm, police Times New Roman, taille 12. Ils seront adressés en 3 exemplaires reliés par une agrafe, sans spirale, sans couverture ni réglette.
Il est obligatoire que le texte soit également envoyé par mail à l’adresse [email protected] au format « .doc ».
Pour lire le règlement en détail et télécharger la fiche d’inscription, cliquez ici (lien mairie14.paris.fr).
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Olivier Renault est libraire dans le 14e arrondissement. En publiant le livre Montparnasse, les lieux de légende il rappelle quelle fut l’importance artistique du quartier et donne de quoi en (re)tomber amoureux.
L’histoire de Montparnasse, de la gare et de ses alentours est encore aujourd’hui marquée par ces quelques décennies du début du 20e siècle, lorsque le quartier est devenu le repaire des artistes, de tous horizons.
À travers ces quelque 200 pages, le lecteur a l’impression de voyager dans le temps. Dans le corps d’une petite souris, il écoute et regarde la vie de l’époque. La belle Kiki de Montparnasse se révèle entrepreneuse, Ernest Hemingway se montre un peu vache avec la Rotonde où « vous pouvez trouver ce que vous voulez […], sauf des artistes sérieux » et les artistes les plus respectés aujourd’hui se dévoilent sous le jour de simples soûlards.
L’accueil réservé par Montparnasse à ces artistes bien avant qu’ils ne deviennent célèbres est frappant d’humanité. Hier l’art avait de l’avenir, un patron du bar pouvait parier sur des inconnus et il n’était pas rare qu’un verre s’échange contre un tableau, une scène impensable aujourd’hui.
Olivier Renault présente son livre comme une série d’articles indépendants, un paragraphe pour chaque lieu, une carte pour les trouver tous, mais c’est un petit mensonge. C’est moins l’histoire des murs que celle des grands hommes et femmes qui nous intéresse ici. Car ces appartements, ces restaurants, ces cafés sont traversés par Picasso, Foujita et Cocteau, par Beckett et Hemingway, par Prévert et Léger.
Et puis il y a cette photographie des lieux, de l’époque et de ses mœurs, il y a ces anecdotes croustillantes, ces beuveries et ces combats. En refermant le livre plane alors dans l’esprit de celui qui l’a lu la nostalgie d’un temps, d’il n’y a pas 100 ans, un temps si différent d’aujourd’hui qu’il paraît n’avoir jamais existé.
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Montparnasse, les lieux de légende de Olivier Renault, aux éditions Parigramme. À trouver par exemple dans la librairie de l’auteur, L’arbre à Lettres, au 14 rue Boulard.
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Le chat et l’humaine se scrutaient en silence.
Le chat avait vu dans les yeux de l’humaine non pas son propre reflet mais l’image d’un homme. Ça avait eu l’effet d’un électrochoc, toute sa vie passée lui était revenu d’un coup. Un plissement d’ailes le fit sortir de sa réflexion. Il reconnut le coléoptère qui rentrait dans le salon et se rappela qui était l’humaine.
L’humaine avait vu dans les yeux du chat non pas son propre reflet mais l’image de celle qu’elle avait toujours eu l’impression d’avoir été. Cela l’avait beaucoup perturbé, car elle n’avait jamais vraiment réussi elle-même à mettre un visage sur cette sensation. Comment un chat avait pu faire ça ?
Un plissement d’ailes la fit sortir de sa réflexion. La coccinelle rentra dans le salon et vint se poser sur le museau du chat. L’humaine s’approcha. Au moment où elle attrapa l’insecte, sa main effleura la tête du chat et elle entendit ses pensées. Elle recula un instant, surprise puis s’assit face au chat. Elle posa sa main sur sa patte et retrouva la mémoire.
L’humaine se revit jeune. Elle était alors une brillante sorcière, la plus prometteuse de sa génération. Sauf qu’elle ne voulait pas de ce don et rêvait d’une vie normale. Une nuit, elle s’enfuit après s’être transformée en l’animal qu’elle pensait être le plus passe-partout : une souris. Elle voyagea longtemps et puis, un jour, elle posa son petit baluchon en Louisiane, chez un jeune homme aux grands yeux verts dont elle tomba éperdument amoureuse. Il s’appelait Sam. Elle veillait sur lui tel un petit ange gardien et le quotidien s’écoulait paisiblement. Mais Sam avait la santé fragile et il lui restait peu de temps à vivre.
La souris savait qu’elle pouvait le sauver, mais en échange elle devait renoncer à sa propre liberté car dès qu’elle utiliserait la magie, elle serait retrouvée immédiatement. Alors, un matin d’août, elle grimpa sur le lit de Sam qui somnolait. C’était la première fois qu’elle se montrait.
Elle avait passé la nuit à fabriquer des potions et à préparer son plan. Il ne lui manquait plus qu’un ingrédient, et c’est celui-là même qui causerait sa perte.
Elle but la première potion et retrouva son apparence normale. Au même instant une coccinelle dorée rentra par la fenêtre et se posa sur l’épaule de sa maîtresse, elle versa une larme que la sorcière recueillit dans la seconde fiole.
« Merci mon amie, tu m’as manqué. »
Elle fit boire la potion à Sam qui eut à peine le temps de dire un mot avant qu’il ne devienne un chat. La coccinelle secoua ses ailes et de la poudre d’or tomba dans les mains de la sorcière. Elle s’approcha du chat et lui versa sur le museau. Il éternua et disparut.
La sorcière s’assit sur le bord du lit et attendit patiemment qu’on vienne la chercher. Elle savait que dès qu’elle avait appelé sa coccinelle, ils s’étaient mis en route car son amie devait sans doute être surveillée. Mais elle ne pouvait pas pratiquer la magie sans son coléoptère.
D’ici peu de temps, elle serait jugée et condamnée à des dizaines d’années de prison. Mais cela n’était pas grave, car elle avait sauvé Sam et un jour elle irait le rejoindre, elle saurait toujours où il se trouve au fond d’elle.
Effectivement, ils ne mirent pas longtemps à arriver et la condamnèrent à 108 ans de prison. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qu’ils décidèrent de lui effacer la mémoire, à elle et à la coccinelle.
Elle se réveilla un matin, dans une cellule, avec des souvenirs fabriqués. Cependant, au fil de sa longue captivité, des sensations revenaient, elle avait le sentiment que cette vie dont elle se souvenait n’était pas la sienne.
Lorsqu’elle fut libérée, une petite voix intérieure lui suggéra de s’installer dans cet appartement. Depuis, elle essayait de fabriquer une potion pour retrouver sa mémoire mais elle était devenue une bien médiocre sorcière et sa coccinelle, si brillante et majestueuse autrefois, n’était plus qu’un vieux machin emphatique et faignant.
Mais maintenant tout était clair, il lui avait suffi de retrouver le chat pour retrouver sa mémoire.
La sorcière bondit dans la cuisine et prépara une potion dans un bol. En un éclair elle rendit à la coccinelle sa brillance d’autrefois.
Le chat était dans l’encadrement de la porte. Il observait la scène, silencieusement. Quand la sorcière eut déposé de la poudre d’or dans le bol, elle se tourna vers lui. Elle sourit puis, elle partit. Le chat resta dans la cuisine. Lui seul pouvait décider de la vie qu’il voulait vivre désormais.
Le lendemain matin, la sorcière se réveilla seule sur le canapé. Elle chercha Sam dans la pièce mais il n’était pas là. Elle se dirigea vers la cuisine, où elle aperçut, endormi sur le sol, l’homme qu’elle aimait.
La neige tombait en gros flocons sur Paris, en ce 25 décembre. Quand Sam ouvrit les yeux, il sentit la sorcière lui caresser les cheveux. Il eut la certitude qu’ils ne se quitteraient plus jamais.
Un sortilège n’est pas un remède, et la maladie de Sam revint… alors…
Les soirs où la lune éclaire majestueusement la ville, et que des ombres passent sur les toits, n’ayez crainte, ce ne sont que nos deux amoureux qui se promènent… car la nuit, Sam le chat est amoureux d’une souris.
Sandrine Gauvin
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Il y eut un éclair. Et le chat s’écrasa contre le ventre de l’humaine, la propulsant en arrière au milieu du salon. Ils restèrent quelques instants hagards, puis elle se mit à rire ! Il entendit sa voix pour la première fois, elle était plus aiguë qu’il ne l’avait imaginé. Il avait sa tête posée dans son cou délicat et il s’enivrait de son odeur. Il ne put s’empêcher de ronronner.
Était-elle aussi parfaite qu’il le supposait ? il fut pris d’angoisse tout à coup et se dit qu’il devrait fuir avant d’en entendre plus, avant qu’elle ne prononce un premier mot et que ce soit le début de la fin : les désillusions, les choses qui ne sont pas comme elles devraient être, comme il avait prévu qu’elles soient, le quotidien qui les tue à petit feu, les reproches, c’est moi qui fais toujours la vaisselle, tu passes ton temps à dormir sur le canapé, tu ne me regardes plus, tu as grossi, tu te laisses aller …
Il avait vu tellement de gens s’aimer et se désaimer, oui parce qu’il n’était pas un chat comme les autres… il était immortel, enfin c’est ce qu’il en avait déduit à force de voir ceux avec qui il vivait – il s’était toujours refusé de les appeler ses maîtres car tout le monde sait que c’est le chat qui mène à la baguette l’humain – vieillissait et pas lui, il en avait enterré quelques-uns et quitté quelques autres pour des demeures plus accueillantes. Il ne voulait pas de cela avec elle, parce qu’elle était spéciale, il le savait. Au premier regard, il avait vu qu’elle n’était pas comme tous les autres humains, elle avait quelque chose dans les yeux de plus brillant.
Sa tête de chat rêveur se mit à tourner, tourner, et s’il avait fait une erreur ? En même temps, peut-être qu’elle n’aurait pas sauté, peut-être qu’elle serait rentrée tranquillement chez elle et que la vie aurait repris son cours, peut-être même qu’elle voulait juste prendre l’air et qu’il s’était mépris sur ses intentions d’en finir.
Il décida qu’il allait rentrer chez lui tranquillement, après l’avoir salué et qu’il ne reviendrait plus jamais. Il disparaîtrait de nouveau derrière ses rideaux et ferait comme si rien ne s’était passé. Ça y est, il commençait à transpirer, ses coussinets devenaient tout moites, bientôt elle s’en rendrait compte et elle le virerait de sur elle, c’est vrai ça, un chat qui transpire c’est dégoutant.
Elle ne pouvait cesser de rire. Elle venait d’être sauvée, si on peut dire, par un chat qui avait fait un bon de 5 m. C’était une drôle de situation, assez grotesque en fait. Comme toutes les petites filles, elle avait rêvé d’un prince charmant venant la délivrer du donjon où elle était enfermée, mais là, c’est un chat qui était venu à sa rescousse alors qu’elle n’avait même pas besoin d’aide.
« Tu me chatouilles avec ta moustache. »
Elle se redressa tout en gardant le chat contre elle. Il ronronnait. Puis, elle l’observa. Il était fin, avec de longues pattes et des coussinets moites – c’est possible ça ? un chat qui transpire des pattes ? – et de jolies moustaches. Il avait de grands yeux verts. Soudain, leurs regards se croisèrent. Ce qu’ils virent dans les yeux de l’autre leur fit peur. L’humaine lâcha le chat qui partit se réfugier dans un coin de la pièce.
« Qui es-tu ? »
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Cliquez ici pour lire le chapitre 1.
Je suis fatiguée… Voilà je suis fatiguée ! JE SUIS FATIGUÉE ! Ah ça soulage ! Oulalala ! Pas de geste brusque sinon je vais m’écrabouiller sur le sol.
« Bon tu rentres ? »
J’ai tout raté dans ma vie : mes études, mes relations amicales et amoureuses, que des zéros pointés !
Mais moi je n’avais pas demandé cette vie-là, c’est vrai ça, je voulais être tranquille. Je voulais simplement rêver…
Rêver, c’est à peu près la seule chose que je sais faire, mais je le fais super bien ! J’aurais voulu être ailleurs… En Louisiane par exemple, oui j’aurais voulu vivre là-bas, uniquement parce que j’aime la sonorité de ce mot, il me fait voyager, je ne sais pas pourquoi mais il réchauffe mon visage… vivre en Louisiane, passer mon temps à me promener dans les forêts, regarder les animaux, écouter les oiseaux siffloter près d’un banc… le soir, en rentrant m’assoir sur la balancelle devant chez moi, et contempler le soleil couchant, peut-être même qu’il y aurait un bout de mer dans mon idéal, je ne sais pas s’il y a la mer en Louisiane, d’ailleurs je ne sais pas où c’est, j’ai toujours été mauvaise en géographie, mais dans ma Louisiane, il y aurait la mer et j’entends déjà sa douce mélodie.
« Tu es vraiment insupportable tu le sais ! »
Peut-être que si je ferme les yeux suffisamment longtemps des ailes vont me pousser dans le dos et je pourrais m’envoler très loin et accessoirement récupérer mon ingrédient qui me snobe depuis tout à l’heure sur le lampadaire. Méfies-toi des coléoptères ma fille, ce sont des filous ! Si j’avais écouté ma mère plus souvent, je ne me retrouverais pas, un soir de noël, à courir après une coccinelle qui ne veut pas me donner sa larme !
« Allez… Soit sympa… Regarde, je te tends la main… ».
Oh elle va céder ! Je le vois dans son petit œil moche de peste de coccinelle. Oui, voilà, viens vers moi …
Miaouuuuuuuuuuuuuuuuu !
Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? Qui a fait ça ? Je rêve ou le chat de l’immeuble d’en face essaie de communiquer avec moi ? Pourquoi il s’agite comme ça celui-là ?
« Hé le chat, rentre chez toi. Quant à toi tu as 10 secondes pour ramener tes ailes dans le salon »
Oh non ce n’est pas vrai, elle est où ? Je n’y crois pas il a fait fuir ma coccinelle avec ses miaulements ! Grrrrrr ! Saleté de chat ! Me voilà dans le pétrin.
Lui sur sa fenêtre
Elle ne comprend rien à ce que je lui dis, elle est jolie mais elle n’est pas très fute-fute. C’est le problème des humains, ils sont un peu limités.
Bon, il va falloir que je tente le tout pour le tout parce que sinon elle va finir par tomber à force de gesticuler. Alors, voyons voir, le vent est favorable, si je prends un élan de 5 m, selon la distance et mon poids je devrais pouvoir arriver directement dans son estomac et avoir la force motrice nécessaire pour la propulser dans le salon. Bon allez mon coco, ce n’est pas le moment de te louper, il y a une demoiselle en détresse à sauver.
Ne réfléchis pas sinon tu vas commencer à t’imaginer votre conversation et tu vas transpirer des coussinets et y’a rien de pire qu’un coussinet moite pour louper son saut. Donc, non non et non pas de pensée parasite, vas-y mec fonce ! Allez go go go !!! ahhhhhhhhhhh !
Elle sur la fenêtre
ahhhhhhhhhhh !
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]]>Il vous est offert par Sandrine Gauvin, auteure et scénariste. Elle a co-écrit la pièce pour enfants « Pinocchio, d’après l’étrange rêve de monsieur Collodi » qui se joue actuellement au Lucernaire.
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Je vais vous raconter une histoire… certains y verront que folklore, conte et grimoires… mais d’autres y décèleront la magie… la vraie… l’unique… celle des histoires de Noël.
Il était une fois…
Cela faisait longtemps que je vivais dans ce quartier, Montparnasse… J’y avais mes habitudes, mes flâneries, mes adresses favorites. Mais tout avait changé dans ma vie depuis l’arrivée de ma voisine quelques mois plus tôt. Ma jolie demoiselle, comme j’aimais l’appeler, avait posé ses valises un matin d’août, dans l’appartement juste en face du mien. Elle était tellement belle, et gracieuse … Il me semblait que j’entendais son rire flotter autour de moi.
Dès lors, il n’y eut plus qu’elle dans ma vie, mon quotidien se calquant progressivement sur le sien.
Une fois même je l’avais suivi toute une journée. Oui je sais c’est un peu bizarre, mais j’ai toujours été un être timide. C’est vrai, j’aurais pu sonner chez elle, mais pour lui dire quoi ? « Bonjour, je suis votre voisin d’en face, je vous observe depuis longtemps et… » Vlan ! Elle n’aurait rien compris à ce que je lui raconte, claqué la porte au nez et mis des rideaux à ses fenêtres ! N’étant pas un grand communicant, je préférais rester dans l’ombre.
Je crois qu’elle était aussi solitaire que moi. Elle sortait peu, et personne ne venait chez elle.
Nous passions nos soirées ensemble, elle dans son salon, et moi derrière ma fenêtre.
Ce soir-là, chacun s’agitait pour préparer son repas de fête. Les rues se désertaient au fil des minutes, les retardataires courant dans la neige pour rejoindre leur famille. Pas de doute, c’était noël.
Ma jolie demoiselle était en cuisine. Je ne pouvais pas voir cette pièce de chez moi mais je connaissais ses habitudes. Elle avait mis son tablier vert, cela signifiait qu’elle allait cuisiner. J’avais rarement vu quelqu’un mettre autant de passion et de temps à cuisiner et être aussi déçu du résultat. Elle ne finissait jamais son assiette et semblait bien souvent abattue après avoir goûté ses créations. La pauvre, je crois qu’elle était vraiment une très mauvaise cuisinière mais j’admirais sa détermination à toujours recommencer !
Quand elle ne ratait pas ses plats, elle lisait. Elle avait une immense bibliothèque avec des centaines de livres plus beaux les uns que les autres, des modèles anciens, avec des dorures, de toutes tailles et de toutes épaisseurs. Elle restait des heures à feuilleter les livres et revenait chaque semaine avec de nouvelles trouvailles. Peut-être était-elle professeur d’histoire… ou mieux encore… historienne. Je l’imaginais en conférence sur les origines du monde, face à un amphithéâtre bourré à craquer, en admiration devant elle, l’écoutant hypnotisé, pendant des heures. Oui, je sais, je ne suis pas très objectif mais je suis amoureux.
Bref, revenons à ce soir-là.
Je passais le temps en jouant avec les guirlandes du sapin quand je l’aperçus. Mon cœur se comprima d’un coup, mon souffle se coupa et il me sembla que le sol se dérobait sous moi. Elle n’était plus dans sa cuisine mais sur le rebord de la fenêtre du salon. Elle semblait dire quelque chose, une prière peut-être ? Non, ce n’était pas possible, ma jolie demoiselle ne pouvait pas faire ça ! Il fallait que je l’en empêche … je me mis à lui parler, mais elle ne m’entendit pas, normal, j’ai toujours eu une voix fluette… je m’époumonais de toutes mes forces et dans un cri désespéré, je lui hurlais de ne pas sauter. Elle regarda soudain dans ma direction. Je m’arrêtais net, j’étais moi aussi en équilibre sur le rebord de ma fenêtre.
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]]>Le récit se déroule en 1873, mais les indices permettant de situer Les filles de Montparnasse dans l’Histoire sont maigres. Nadja semble en jouer car en brouillant les pistes, elle montre que les quatre héroïnes, et les hommes qui les entourent, ont des préoccupations tout-à-fait actuelles.
Une auteure, une chanteuse, une peintre et un modèle voient leurs rêves de carrière intimement liés à leur recherche de l’amour. Les désirs s’entremêlent tandis que les hommes, dessinés sous un bien mauvais jour, en profitent pour leur voler leur dignité.
L’œuvre de Nadja n’est pas composée de dessins mais de peintures. L’image en devient plus ronde et les mouvements, lents et irrésistibles, retranscrivent le sentiment de ces femmes de ne pas totalement contrôler leur vie. L’effet immédiat est qu’on s’attache à elles et à la pureté de leurs intentions.
Le premier tome s’intitule « un grand écrivain », il devrait être suivi de trois autres volumes. D’autres épreuves qu’elles affronteront avec courage, car c’est tout le charme de ce roman en technicolor, ces quatre femmes n’ont pas le profil de victimes.
Pour quel public ?
De prime abord, Les filles de Montparnasse s’adresse à un public plutôt féminin. Mais les histoires, la dimension sociale du récit, l’aspect charnel du dessin donnent à cette œuvre un caractère universel.
De plus, le récit de ce premier tome se suffit à lui-même, c’est une tranche de vie racontée du début à la fin.
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Les filles de Montparnasse : 1.un grand écrivain
Ecrit et dessiné par Nadja
Editions de l’Olivier. Collection Olivius.
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