Le Moulin à café, une leçon d’humanité
25 avril 2014Animation de quartier
Le Moulin à café est un café associatif, il fait vivre non seulement un lieu mais son ouverture au 8, rue Sainte-Léonie lui confère une aura, et une importance, qui dépasse son seul local de 60m². Accueil et convivialité y sont élevés au rang de grande cause, presque un combat militant.
Pénétrer dans le Moulin à café en milieu d’après-midi, c’est arriver dans un endroit très calme. Aux fourneaux trois jeunes gens préparent à manger pour le repas du soir. La musique est choisie par celle qui est chargée d’animer le lieu, Julienne, qui passe un air de chanson française, de la scène alternative.
En entrant dans le café, Annie et son amie Babette saluent toutes les personnes qu’elles croisent. Annie est là depuis l’ouverture il y a 8 ans, elle a aidé à en faire ce qu’il est aujourd’hui et elle participe à perpétuer le principe : « faire vivre au cœur du quartier un lieu d’échanges, de partage et de solidarité. »
Le café parvient à employer 5 personnes : trois cuisiniers, un gestionnaire et Julienne, l’animatrice. Mais il ne vit que par ses utilisateurs. Ce sont eux qui ont fourni la vaisselle, qui décorent les murs et qui l’améliorent au quotidien.
Une atmosphère conviviale
Qui vient ?
Les usagers, Julienne les appelle les moulineurs et les moulineuses. L’expression a bien pris puisque la première chorale du Moulin à café a donné son premier concert sous le nom de la Chorale des moulineurs. Les habitués du lieu sont les gens du quartier, des personnes du monde associatif, mais aussi des travailleurs qui viennent manger le midi. Et puis il y a les enfants, souvent autonomes.
Au Moulin à café se croisent des populations très différentes, ce qui a le don d’amuser Annie : « on a un conducteur de train, un astronaute à la retraite, des juges et des escrocs, cela fait des rencontres improbables ! »
Julienne raconte que le lieu sert à toutes sortes de choses, des cours de danse ou de cuisine à des jeux en passant par des ateliers de clowns ou même des anniversaires. En revanche la salle n’a pas vocation à être privatisée.
Des événements sont régulièrement organisés : café-théâtre, slam, scènes ouvertes, conférences et débats. Le Moulin a café a même organisé deux conférences sur la création de cafés associatifs, une troisième conférence se tiendra le 22 mai sur le thème de « fédérer autour de son café associatif ».
Tant de choses que Julienne n’aurait jamais le temps de tout détailler, elle est de toute façon interrompue par le professeur de Salsa qui vient chaleureusement la saluer. Il se redresse et s’adresse à la petite quinzaine de personnes venue assister à son cours. En préambule, il communique sur le lieu, l’association, l’importance d’y adhérer et il en détaille même les tarifs.
De l’obligation d’être sympathique
La convivialité est un impératif à la bonne marche du café. C’est ce que raconte Annie : « au départ on s’est obligés à être sensibles à accueillir, à dire bonjour. Puis le réflexe s’est créé. On le fait notamment avec les gosses qui viennent souvent chercher de l’eau. » Éduquer les petits est une manière de rappeler les bases de la politesse aux grands, concède volontiers celle qui a été présidente du Moulin à café pendant deux ans.
Cette convivialité commence par l’accueil des « nouvelles têtes » : « ce n’est pas un hasard que les gens soient là, c’est souvent intéressant de découvrir qui vient et pourquoi. » Annie cherche à connaître les gens, et à les mettre en relation. Mais cela demande aux moulineurs de se montrer complices et savoir accepter à leur table quelqu’un qu’ils ne connaissent pas.
D’ailleurs, toutes les tables sont côte à côte. On y joue, on y apprend et on y mange. Ça commence même à se savoir dans le quartier, Annie craint qu’avec un afflux de 40 à 50 personnes chaque midi, le café convivial ne se transforme en bon plan pour manger pas cher.
La richesse des échanges
Tandis qu’Annie parle, flotte dans l’air un appétissant parfum de curry. Ici, les plats sont élaborés. « On essaye d’apporter une nourriture saine et équilibrée, avec de la découverte et des produits de saison » détaille Annie, « avec l’aide des AMAP environnantes, on récupère des légumes que parfois nos jeunes cuisiniers ne connaissent même pas. »
Au Moulin à café se croisent des personnes aux parcours si différents qu’il y a toujours quelque chose à apprendre : « c’est un endroit qui fait progresser tout le monde dans des tas de domaines. »
Annie a découvert le Moulin à café le jour de son ouverture, « ces huit années furent d’une richesse, d’une variété impensables. On a appris sur tous les plans, la gestion économique et la gestion des gens ! »
Babette en est le parfait exemple. Cette retraitée est utilisatrice du Moulin à café depuis quatre ans. Elle se souvient de sa découverte du lieu, de ses hésitations, « j’ai vérifié qu’il n’y avait pas que des vieux là-dedans ! » Depuis elle participe activement à la vie du café. Elle vient aider, donner des cours, rendre service… Mais sans qu’elle ne s’en aperçoive, le Moulin à café l’a changée elle, tel est le diagnostic d’Annie : « Ici, on apprend à parler en public, à s’exprimer, on progresse et on apprend à se faire respecter, se faire entendre ou même à répondre au téléphone. » Puis regardant son amie : « Il y a quatre ans tu n’aurais pas dit un mot ! »
Le Moulin à café est ouvert toute la semaine du mardi au samedi de 12h à 22h30, il y a toujours quelque chose à y faire, ou même à y voir. Ce samedi c’est atelier théâtre d’improvisation, atelier créatif, atelier clown et le soir un concert de rock acoustique. Voir le programme complet sur le site du Moulin à café.
Le Moulin à café est situé au 8, rue Sainte-Léonie, 75014 Paris.
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