L’Andromaque pour tous au Monfort théâtre
28 octobre 2013Pièces de théâtre
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort… Cette longue phrase résume l’intrigue de la tragédie de Racine, elle est le nom de la pièce jouée les premiers lundis du mois au Monfort théâtre.
- La guerre de Troie s’est achevée sur le massacre de la population troyenne. Le fils d’Andromaque, tout petit enfant et héritier du trône de Troie, a été laissé en vie. Oreste est envoyé pour convaincre Pyrrhus, le roi d’Épire, de tuer l’enfant, ce qu’il refuse car il garde en lui l’espoir de séduire Andromaque.
Dans un lieu chaque fois différent du Monfort théâtre, Paul Nguyen et Nelson-Rafaell Madel accueillent le public en rappelant brièvement l’histoire de la guerre de Troie. Les personnages de la pièce sont symbolisés par des ballons de couleurs gonflés à l’hélium. Les premiers moments sont un résumé simplifié et parfois très amusant de l’intrigue.
Des codes cinématographiques
Sous le regard de Nery (ex-VRP, ex-Nonnes Troppo), les deux comédiens jouent quelques scènes, incarnant tour à tour les personnages de la tragédie. Ces scènes, accompagnées d’explications, utilisent des codes de mise en scène très contemporains tels ceux du débat politique ou de la comédie musicale.
Imperceptiblement, ils glissent et emportent avec eux le spectateur vers la tragédie à tel point que les deux derniers actes de la pièce (qui en comporte 5) sont pour ainsi dire joués en intégralité. Cet équilibre entre pédagogie et jeu réussit son pari de rendre la tragédie moins opaque mais tout aussi puissante quand elle arrive à son dramatique terme.
Le théâtre à la portée de tous
Début octobre, cette Andromaque a été jouée dans le jardin du Monfort théâtre. Nul ne sait où elle se jouera ensuite. « On a voulu faire un spectacle qui n’aurait pas besoin d’un théâtre » explique Nery dont le rôle, explique-t-il, était « de rendre compréhensible » la pièce de Racine.
C’est toute la démarche de Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen qui disent venir du théâtre classique mais qui avaient participé à la pièce Horace mise en scène par Naidra Ayadi dont le but était déjà de faire ressortir la modernité du propos de la tragédie de Corneille.
La démarche selon les deux comédiens : « faire que les gens adhèrent à cette langue-là, aux figures poétiques » de cette pièce écrite en vers, pour en arriver à ne plus sortir de la pièce une fois les derniers actes atteints. Car les repères sont intégrés par le spectateur, il n’y a plus de zone d’ombre, et la compréhension est totale.
Pour quel public ?
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort… balaye les peurs du spectateur non-averti. Il l’emmène ingénieusement et de manière ludique vers le texte dans toute sa beauté, vers la tragédie de Racine. Plus que tout cela, il est un vrai bon moment de théâtre, fourmillant d’idées de mise en scène, de jeux et de clins d’œil. Les comédiens y sont d’une générosité sans limite, prenant le risque de jouer à quelques centimètres du public, réagissant à ses réactions.
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort…
D’après Andromaque de Racine, mis en scène par Nery, avec Nelson-Rafaell Madel et Paul Nguyen
Lundis 4 novembre 2013, 13 janvier, 3 février, 5 mai et 2 juin 2014, ainsi que du 12 au 16 mars dans le cadre du festival des illusions.
Monfort théâtre, 106, rue Brancion, 75015 Paris.
–
Partagez cet article :
[...] La chronique de la pièce sur Autourdemontparnasse.fr [...]