Belle et dangereuse Nana au Lucernaire

17 octobre 2013Pièces de théâtre

Photo : A. Mompo.

Ses 8 spectacles par soir permettent au Lucernaire de prendre des risques. En programmant Nana de Zola, l’équipe de Philippe Person prouve une nouvelle fois que le jeu en vaut la chandelle.

  • À l’origine, Nana est une pauvre jeune fille mais elle est belle, très belle. Cet atout, elle en fera usage toute sa vie, mettant les hommes à genoux, les vidant de tout leur amour-propre et de tout leur argent.

L’univers de Nana est crasseux, elle y est confrontée au sexe très tôt, et ce sexe est sale lui aussi. Il n’est pas l’amour, il n’est que l’acte, alors si les hommes semblent la prendre de force, on réalise bien vite que c’est elle qui les maîtrise. Imperceptiblement, elle a pris le pouvoir sur eux car elle possède ce qu’ils désirent : son corps.

La dualité du personnage

Photo : A. Mompo.

Nana est une femme complexe, elle n’a aucun scrupule, avec les hommes pas plus qu’avec tout autre être vivant, mais quand l’amour l’emporte à son tour, c’est pour son malheur. Elle donne pour recevoir, cela se traduit sur scène par ces sourires forcés lorsqu’on la regarde et des fous rires dès que les yeux se tournent. Ce personnage dont les journaux relataient la vie privée rejette son désir et accomplit sa volonté.

Les deux interprètes, Céline Cohen et Régis Goudot, sont également les conteurs de l’histoire. La frontière rendue ainsi floue interpelle, ils ne sont plus protégés par leurs personnages. Ce choix de mise en scène symbolise à merveille toute la crasse de l’histoire, de l’époque, mais cela n’accable jamais le spectateur. Comme tous les développements, les scènes les plus difficiles s’arrêtent avant de devenir insupportables ou lassantes. La narration est parfaitement fine et maîtrisée. Nulle question de suspense, l’histoire tient en haleine le spectateur par la seule force de son récit.

Pour quel public :

« L’important, c’est la qualité » disait Philippe Person, le directeur du Lucernaire, lorsqu’il devait définir la ligne éditoriale de son théâtre. En proposant un spectacle à la narration si juste et fine, la programmation fait mouche. La mise en scène est brute, parfois dérangeante, mais toujours pleine de sens car « Nana » raconte une histoire et le fait bien.

Nana

D’après Émile Zola
Mise en scène : Céline Cohen et Régis Goudot
Avec : Céline Cohen et Régis Goudot

Du mardi au samedi à 21h30, le dimanche à 17h
Théâtre Le Lucernaire, 53 rue Notre Dame des Champs, 75006 Paris

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