Selon un sondage réalisé par la mairie du 6e auprès des parents d’élèves de l’arrondissement, 85% d’entre eux se prononcent contre la réforme des rythmes scolaires et donc contre l’ajout d’une demi-journée d’école pour les enfants.
Au total lundi 11 février 2013, 576 parents avaient répondu à ce sondage, cela correspond à un tiers des élèves de l’arrondissement. Une mobilisation satisfaisante pour la mairie du 6e et un message clair d’opposition au projet du ministère de l’Éducation nationale.
Pour le maire du 6e, Jean-Pierre Lecoq, ce pourcentage s’explique facilement : « il y a 10/12 ans, le 6e arrondissement s’était montré très volontaire pour expérimenter la semaine de 4 jours. Les habitants ont plébiscité cette réforme alors qu’à l’époque le samedi était travaillé. Aujourd’hui on veut revenir là-dessus et en plus que le jour travaillé soit le mercredi. Cela va créer une désorganisation générale des activités du mercredi matin, cela menace notamment les conservatoires. »
Olivia Polski, ajointe au maire du 14e chargée des secteurs scolaire et périscolaire met en doute ces résultats : « un sondage BVA du 25 janvier disait que 6 Français sur 10 pensent que c’est une bonne réforme. » En revanche, elle dit comprendre les inquiétudes qui l’accompagnent : « Je reçois des parents, j’en vois beaucoup également dans les réunions publiques. Mais même les enseignants ne sont pas contre. Ils savent que c’est une bonne chose, que cette question des rythmes scolaires fait l’unanimité chez les chronobiologistes. »
Le sondage de la mairie du 6e s’accompagnait d’un texte signé par Jean-Pierre Lecoq expliquant son opposition à la réforme de Vincent Peillon. Pas de quoi décrédibiliser le sondage explique-t-il : « Je rappelle qu’il y a eu des réponses de gens favorables à la réforme. Je n’ai fait que rappeler la position de la mairie du 6e. Ce sondage était une invitation à répondre. »
Pas de contrainte sur le fond donc, ni sur la forme : « je n’ai par exemple pas utilisé le fichier GEPI pour contacter les parents d’élèves, contrairement au maire de Paris. Moi, je suis passé par les chefs d’établissement. » Omettant par là même qu’il avait demandé à la Ville de Paris de pouvoir utiliser ce fichier de Gestion des Élèves Par Internet, une demande qui lui avait été refusée.
Le maire UMP du 6e se défend de tout conservatisme et demande, avant tout, le report de la réforme « car à forcer, on risque de mécontenter. Dans les petites communes, ça pose des problèmes de coût. À Paris, c’est moins un problème d’argent qu’un problème d’organisation. Aujourd’hui la ville n’a pas assez d’animateurs pour assurer l’accueil des élèves lors des grèves, comment pourrait-elle être prête dans 6 mois ? Au-delà de la question d’être opposé ou favorable, beaucoup de gens se retrouvent pour demander qu’on repousse à 2014 cette réforme. »
La socialiste Olivia Polski préfère laisser d’abord le temps à la concertation : « On n’a connu les contours de la réforme qu’en janvier. Depuis la concertation est engagée et on est à l’écoute. Par exemple l’hypothèse du rallongement de la pause méridienne, si tout le monde la rejette, on ne la gardera pas. » La réforme pourrait même être repoussée d’un an « si les services de la Ville disent au maire que ce n’est pas possible de l’organiser en septembre. »
Aujourd’hui jour de conseil de Paris, les instituteurs sont en grève pour protester contre la réforme. Les professeurs des écoles reprochent notamment au ministre de l’Éducation nationale et au maire de Paris d’agir dans la précipitation et sans concertation comme l’avait expliqué ici-même Jérôme Lambert, secrétaire départemental SNUipp-FSU.
Dans le même temps un débat a été organisé au conseil de Paris, l’occasion de connaître le sentiment de chaque parti sur cette réforme. Plus que le fond, la question de la mise en application de la réforme dès la rentrée 2013 a divisé les conseillers de Paris.
Émmanuelle Becker, Front de gauche (13e arrondissement)
Nous demandons de ne pas appliquer cette réforme à la rentrée. Ce n’est pas une réforme qui peut se faire à la va-vite, sans concertation. Pouvons-nous réellement parler de concertation quand le calendrier national a déjà été établi ?
Jean-Baptiste Menguy, UMP (15e arrondissement)
Il n’y aura pas de miracle parce que vous n’avez pas le temps et pas l’argent. La seule volonté politique qui vous anime est de faire gagner votre adjointe et votre héritière l’année prochaine (Ndr : Anne Hidalgo aux élections municipales). Nous sommes opposés à la mise en place de la réforme en septembre prochain parce qu’elle est impossible à mettre en place et parce que, disons-le, elle est humainement injuste.
Yves Contassot, EELV (13e arrondissement)
Il nous semble qu’il est important de revoir annuellement la réforme afin de permettre son amélioration dans les années à venir. Quant à la décision de l’application en 2013 ou 2014, elle dépend de la qualité de la concertation. Le temps n’est pas de choisir entre 2013 et 2014, le temps est à la construction collective d’une réforme à la hauteur de l’enjeu.
Jean-François Martins, MoDem (14e arrondissement)
Il faut agir le plus rapidement possible. Je vous conjure de ne pas rater cette réforme dont l’enjeu se situe sur la mise en œuvre et non le fond. Il y a un sentiment de précipitation. Il faut qu’école par école, quartier par quartier, chaque question d’enseignant, de parent et d’enfant trouve une réponse.
Bertrand Delanoë, maire de Paris
Je préfère qu’on s’engueule maintenant, qu’on débatte et que je puisse prendre des bonnes idées partout. Je ne suis pas sûr que le débat sera plus serein dans un an. Je pense qu’il faut que pendant un mois et demi, nous débattions et que fin mars nous décidions de l’application ou non de la réforme en septembre en fonction de ce que nous avons réussi à inventer. Si la réforme est bonne, pourquoi perdre un an ?
Colombe Brossel, adjointe au maire de Paris, chargée de la vie scolaire et de la réussite éducative
Ce projet est un projet que personne ne remet en cause sur le fond. La concertation a déjà démarré. Si les conditions sont réunies, ne nous privons pas de mettre en place cette réforme en septembre 2013.
Quant à la demande du Front de gauche de travailler dans un cadre plus global sur une grande réforme ambitieuse de l’Éducation nationale, je rappelle que nous ne sommes que des élus locaux, nous faisons ce qui est de notre devoir, à savoir travailler sur les conditions de mise en œuvre du projet.
Photos d’élus : DR/mairie de Paris.