Yue Minjun, le fou rire à partager à la fondation Cartier
22 janvier 2013Expositions
Yue Minjun est né en Chine en 1962. Cet artiste au sourire affiché sur nombre de ses créations est mis à l’honneur à la fondation Cartier pour l’art contemporain.
Une exposition qui dure jusqu’au 17 mars 2013.
Le fou rieur
Yue Minjun : L’ombre du fou rire, c’est avant tout un visage à la joie communicative. Les yeux plissés et les dents blanches et alignées, ce personnage qui se fend la poire est répété et mis dans des situations grotesques.
Accompagnée d’avions de chasse, mimant une exécution ou voyageant à dos de canard, cette tête devient celle de tous les personnages mis en scène par l’artiste.
Du seul fait de cette accumulation, les traits se déforment, ce visage qui est celui de Yue Minjun en personne s’en trouve déshumanisé. Dès lors tout est permis, les corps sont pliés, les membres multipliés.
Cette partie de l’exposition reprend des tableaux du début des années 90, elle vaut à elle seule le déplacement. Mais il serait dommage d’en rester là.
Entre réalisme et absurde
Des années 2000, on retiendra ces tableaux célèbres reproduits à l’identique après en avoir soigneusement ôté l’élément principal. Ainsi La mort de Marat de Jacques Louis David est-il représenté… sans Marat.
À la fin des années 2000, le visage rieur revient mais il est déformé, rougi et presque diabolique. En 2012, il se présente peint puis effacé rageusement.
En parallèle des tableaux immenses font leur apparition. Abondants, ils poussent le visiteur à les contempler de longues minutes à la recherche du petit détail coincé entre le réalisme du trait et l’absurdité de la situation présentée.
Que ce soit à travers une ville composée de murs comme dans Mao Xinlan (voir ci-dessus) ou via les traits d’un visage effacé, Yue Minjun est un artiste dont on se languit de connaître l’évolution.
Pour quel public ?
L’acrylique et l’huile aux couleurs vives, des formes arrondies, l’aspect ludique de la disparition des personnages de tableaux célèbres : tous ces aspects ouvrent cette exposition à un très large public de curieux. C’est également une riche manière de voir comment un artiste chinois évoque son pays.
Article par Lucas Malterre, écrit au Bliss café.