Grâce à Mendjisky, l’École de Paris a son musée
21 avril 2014Expositions
Le musée Mendjisky – Écoles de Paris a ouvert ses portes le 11 avril près du métro Vaugirard dans le 15e arrondissement. Fondé par le fils du peintre Maurice Mendjisky, il a vocation à faire exister les œuvres des artistes de ce mouvement, l’École de Paris, qui a marqué la vie culturelle de la capitale toute la première moitié du XXe siècle.
- Cette première exposition est exclusivement dédiée à l’œuvre de Maurice Mendjisky. Le sous-sol et les deux premiers étages montrent la vie d’avant la guerre. Ce sont des tableaux colorés et chaleureux. Le dernier étage est consacré aux dernières années de la vie de l’artiste, de 1945 à 1951. Les dessins en noir et blanc y évoquent le ghetto de Varsovie.
Les couleurs automnales
Le tableau le plus emblématique de l’artiste est un portrait de Kiki de Montparnasse. Il en fut le premier compagnon et c’est lui qui la présenta aux autres artistes. Serge Mendjisky raconte que Kiki est le nom que lui a donné le Japonais Foujita parce qu’il était incapable de prononcer le nom de Mendjisky.
L’œuvre de Mendjisky est multiple, elle se compose de paysages, de natures mortes, de portraits et de nus. Les couleurs, souvent chaudes, sont quelquefois utilisées comme un contour, une aura autour de l’objet, cela donne un ton automnal à bien des tableaux.
Les tons jaunes et orangés conviennent particulièrement à ces paysages du sud-est de la France que Mendjisky, résistant à Nice pendant la guerre, a beaucoup connus et peints.
Et puis Claude est mort.
L’œuvre majeure
Son fils Claude a une vingtaine d’années lorsqu’il est fusillé en juillet 1944. Maurice retourne alors à Paris et s’attelle à la création d’une série de dessins sur le ghetto de Varsovie. Il y a perdu ses parents et ses deux sœurs mais c’est à son fils disparu qu’il dédie ces 31 dessins.
Tout en noir et blanc, ils évoquent la guerre et la souffrance. Les êtres humains n’y sont plus que des corps décharnés et sur tous les visages se lit la même expression, une sorte de vide mêlé de désespoir. Ils sont exposés côte à côte au dernier étage du musée.
Quatre ans après la mort de son père, Serge Mendjisky choisi de réunir ses œuvres pour en faire un recueil. Il est encouragé dans cette entreprise par Picasso en personne qui considérait cette dernière série comme « un chef-d’œuvre, c’est une véritable symphonie du noir et blanc ». Mais quand l’imprimerie est victime d’un incendie, c’est tout le projet qui s’envole en fumée.
« Il y a quatre ans, le petit-fils de l’imprimeur m’a appelé, raconte Serge Mendjisky, il m’a dit qu’en déblayant les décombres de la vieille imprimerie, ils étaient tombés sur une palette intacte. » C’est ainsi qu’a recommencé l’histoire de Maurice Mendjisky.
Les artistes délaissés
Aujourd’hui Serge entend rendre l’hommage qu’elles méritent aux Écoles de Paris (la période 1945-1960 étant considérée comme la deuxième École de Paris) en présentant les œuvres de ses artistes : « Je rêvais de faire un musée sur mon père et sur l’École de Paris, si Paris est une référence dans le monde de l’art, c’est grâce à l’école de Paris. »
Ainsi d’autres représentants des Écoles de Paris auront-ils leur lieu dédié dans le 15e arrondissement de la Ville qui les a fait se rencontrer.
Le musée Mendjisky – École de Paris est situé au 15, square de Vergennes, 75015 Paris.
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