Geneviève de Gaulle-Anthonioz célébrée rue Michelet
8 mars 2013Société
L’immeuble dans lequel elle a vécu jusqu’à la fin sera désormais orné d’une plaque en son nom. Geneviève de Gaulle-Anthonioz a connu de multiples, et chacune remarquable, vies.
De par son nom, elle aurait pu n’être que la nièce du général. Elle a d’abord été une jeune et vaillante résistante jusqu’à sa déportation en 1944 dans le camp de Ravensbrück. En 1958, elle intègre le cabinet d’André Malraux puis rencontre le père Joseph Wresinski qui lui fait découvrir le bidonville de Noisy-le-Grand. « L’odeur lui rappelle Ravensbrück » raconte la présidente de l’association des déportées de ce camp pour femmes, cela explique son engagement auprès des déshérités, notamment via l’association ATD Quart Monde dont elle fut la présidente.
Une femme au-dessus des clivages partisans
Devant cet immeuble du 4, rue Michelet se succèdent notamment Jean-Pierre Lecoq, maire du 6e arrondissement et Catherine Vieu-Charier, adjointe au maire de Paris chargée de la mémoire et du monde combattant. L’un comme l’autre sont venus rendre hommage à une femme au-dessus des partis. « C’était une femme remarquable qui fait honneur à notre pays parce qu’elle a participé à la résistance, un mouvement qui a réuni des Français de toutes natures. Des communistes, des monarchistes, des gaullistes, des socialistes, des radicaux, des chrétiens, des gens qui ne l’étaient pas ou d’autres religions » défend le maire UMP du 6e, « c’était une héritière et le témoin vivant pendant des années de cette résistance française qu’il ne faut pas oublier. »
La parité encore lointaine
12 femmes remarquables se vantait le site Internet de la mairie de Paris. Catherine Vieu-Charier en comptait 13 ce vendredi 8 mars 2013. Sur la façade du collège André Citroën, hommage sera rendu aux 6000 Dames de Javel.
Les chiffres grimpent vertigineusement, mais on est loin de la parité dans des rues de Paris encore majoritairement masculines.
« Il n’y a pas de clivage quand il s’agit de gens comme le Général de Gaulle ou Geneviève de Gaulle-Anthonioz », pense pour sa part l’adjointe PCF du maire de Paris, « ce sont des grands hommes des grandes femmes, nous avons les mêmes valeurs d’humanité de fraternité, de partage, de grandeur et d’attachement à notre pays, la France. Tout ça nous réunit. »
Une journée pour les femmes
Parler des femmes le 8 mars a une valeur symbolique mais peut également faire avancer les choses argumente Catherine Vieu-Charier : « Chaque fois qu’on parle des femmes, de ce qu’elles sont dans la société, c’est très important. Elles apportent tous les jours mais leur action, quelle qu’elle soit, de la plus modeste à la plus grande, est souvent mise de coté. […] Hier il y avait un colloque sur le rôle des femmes dans la Première Guerre Mondiale, c’est inouï ce que les femmes ont fait pendant cette guerre et on ne parle toujours que du sacrifice des hommes. »
L’adjointe à la mémoire et au monde combattant explique ce manque de reconnaissance par la nature profonde des femmes : « Les hommes sont toujours attachés à ce qui est de la gloire. Les femmes sont toujours dans l’intime, la modestie, ce qui est la matrice de la vie. » C’est cette nature qui aurait poussé Geneviève de Gaulle-Anthonioz à aller vers les pauvres « c’est aussi la chrétienne qui parle, je ne suis pas personnellement chrétienne mais je vois bien qu’elle appliquait la parole de l’évangile dans sa propre vie, c’est remarquable. »
Jean-Pierre Lecoq se montre plus dubitatif concernant la journée de la Femme : « Les femmes exercent maintenant tous les métiers, on les rencontre dans toutes les disciplines. Je trouve que la journée de la Femme date un peu. La figure de Geneviève de Gaulle-Anthonioz dépasse de très très loin la journée de la Femme. Sa personne, son histoire nous dépassent de très loin. On ne peut pas la relier à une seule journée, il faut se souvenir tous les jours de Geneviève de Gaulle-Anthonioz. »
L’ancienne résistante avait déjà donné son nom à un lieu dans Paris. Il s’agit de la place au carrefour des rues de la Convention et de Vaugirard dans le 15e arrondissement. D’autres plaques seront posées aujourd’hui un peu partout dans la capitale en mémoire de ces femmes qui ont compté dans l’Histoire de France. Elles sont célébrées aujourd’hui car elles étaient des femmes, leurs noms resteront gravés demain car elles furent remarquables.
Photos : Lucas Malterre.